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samedi 1 janvier 2011

Jules Laforgue, étude et commentaire du sanglot de la terre

Commentaire sur Jules Laforgue :
Le sanglot de la terre




Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort à Paris, 7ème le 20 août 1887 au 8 rue de Commaille, est un poète français. Connu pour être un des inventeurs du Vers libre, il mêle en une vision pessimiste du monde mélancolie, humour et familiarité du style parlé.

Lecture du poème :

Jules Laforgue, Le Sanglot de la terre, 1880


Oui, ce monde est bien plat ; quant à l'autre, sornettes.
Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort,
Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
Je fume au nez des dieux de fines cigarettes.
Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes,
Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord,
Me plonge en une extase infinie et m'endort
Comme aux parfums mourants de mille cassolettes(1).

Et j'entre au paradis, fleuri de rêves clairs
Où l'on voit se mêler en valses fantastiques
Des éléphants en rut à des chœurs de moustiques.

Et puis, quand je m'éveille en songeant à mes vers,
Je contemple, le cœur plein d'une douce joie,
Mon cher pouce rôti comme une cuisse d'oie.



(1) Brûle-parfum

Commentaire :

Le sanglot de la terre est un sonnet écrit par Jules Laforgue en 1880 il est composé d'alexandrins, de deux quatrains et deux tercets. Dans son poème Jules Laforgue fume au nez des dieux pour échapper au spleen. Son angoisse n'est pas sans rappeler le Spleen Baudelairien.

Afin de répondre à la problématique "Nous pouvons nous demander quels sont les enjeux et les particularités de ce poème ?" nous étudierons dans un premier temps le Spleen du poète, et nous continuerons notre étude sur la nécessité de l'évasion.

Nous commençons notre étude avec le Spleen du poète, en premier lieu nous verrons l'angoisse.
Le monde où vit Jean Laforgue, le monde terrestre, est bien plat en effet nous pouvons voir avec le vers 1 : "Oui, ce monde est bien plat." Dans ce poème l'angoisse, c'est la mort et le poète l'attend.

Dans ce poème, le Spleen renvoi à l'idée de sort, comme a la mort, ainsi qu'elle est suggéré aux vers 2 et 3.
Nous pouvons observer le champ lexical de la mort avec "mort" au vers 3, et "squelettes" au vers 5. Il multiple les allusions macables pour "tuer le temps" même les parfums qui l'enchantent sont "mourants" et la fumée de cigarette, son unique consolatrice semble souffrir pour s'élever et se tordre vers le ciel.

Nous venons de voir le spleen du poète nous finirons donc avec la nécessité de l'évasion
Nous verrons, dans ce développement, que l'évasion est l'antimonde du spleen.
L'antimonde du Spleen, c'est l'idéal, ici, dans ce poème le Spleen étant le sort et l'idéal, les dieux.
Quant à lui, Baudelaire a besoin d'évasion pour échapper au Spleen. Jules se moque des dieux en fumant à leur nez avec de fines cigarettes, comme nous pouvons le voir au vers 4, la fumée est évoquée par la périphrase "méandre bleu". Les effets de la cigarette sont l'endormissement, les hallucinations on voit par conséquent que la nécessité de l'évasion passe par les paradis artificiels. Nous voyons qu'il ne s'agit pas de simple tabac mais d'opium a cette époque couramment fumé par les artistes. La cigarette devient donc la stratégie anti-spleen. Mais l'apaisement est momentané c'est pourquoi nous voyons que le poète à recours à l'humour et l'auto-dérision.

Nous verrons en second lieu l'humour et l'auto-dérision.
L'humour transparait à travers les expressions comme "fumer au nez des dieux." On voit également que le poète voit des libertés par rapport à la tradition poétique, relativement au cadre formel du sonnet. Il traduit en effet sur le mode humoristique, ses angoisses existentiels en se mettant en scène dans ce monologue familier. "Oui ce monde est bien plat".

En conclusion, le Spleen est l'anti-spleen sont les deux termes, une même expression. Le mal-être et le moyen d'en guérir. Laforgue en ce sens s'approche de l'état d'esprit Baudelairien, on y retrouve la même dialectique, le spleen et l'antimonde du spleen.
L'enjeu est existentiel, il s'agit d'échapper au quotidier trop morne mais il est aussi poétique, le poète tente de conjurer le désespoir. Il nous propose donc une philosophie de la vie, la drogue n'est pas la solution, il ne reste donc que l'humour noir, rire de notre condition de mortels pour la supporter.

Nous rapprocherons ainsi cette poésie de Laforgue avec les poésies intitulées "Spleen" dans les Fleurs du Mal de Baudelaire.


Œuvres

Poésies
Les Complaintes (1885)
L’Imitation de Notre-Dame de la Lune (1886)
Le Concile féerique (1886)
Publications posthumes
Des Fleurs de bonne volonté (1890)
Derniers Vers de Laforgue (1890) (publié par son ami Félix Fénéon)
Le Sanglot de la terre (1901)
Premiers poèmes (1903)
Anthologie poétique de Jules Laforgue (1952)
Traduction
Feuilles d’herbe (Leaves of grass, de Walt Whitman)
Contes en prose
Les Moralités légendaires (1887)
Varia
Berlin, la cour et la ville (1922)
Stéphane Vassiliew (1943)



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