Rechercher dans ce blog

mercredi 4 janvier 2012

Camus, l'incipit de la chute, commentaire en deux axes. Caractéristiques d'un incipit traditionnel et caractéristiques d'un incipit original.

Camus



Première partie de l'entretien : l'incipit de la chute de Camus, commentaire bac

La chute, Albert Camus : Incipit

Lecture du texte :

Puis-je, monsieur, vous proposer mes services, sans risquer d’être importun ? Je crains que vous ne sachiez vous faire entendre de l’estimable gorille qui préside aux destinées de cet établissement. Il ne parle, en effet, que le hollandais. A moins que vous ne m’autorisiez à plaider votre cause, il ne devinera pas que vous désirez du genièvre. Voilà, j’ose espérer qu’il m’a compris ; ce hochement de tête doit signifier qu’il se rend à mes arguments. Il y va, en effet, il se hâte, avec une sage lenteur. Vous avez de la chance, il n’a pas grogné. Quand il refuse de servir, un grognement lui suffit : personne n’insiste. Etre roi de ses humeurs, c’est le privilège des grands animaux. Mais je me retire, monsieur, heureux de vous avoir obligé. Je vous remercie et j’accepterais si j’étais sûr de ne pas jouer les fâcheux. Vous êtes trop bon. J’installerai donc mon verre auprès du vôtre.
Vous avez raison, son mutisme est assourdissant. C’est le silence des forêts primitives, chargé jusqu’à la gueule. Je m’étonne parfois de l’obstination que met notre taciturne ami à bouder les langues civili-sées. Son métier consiste à recevoir des marins de toutes les nationalités dans ce bar d’Amsterdam qu’il a appelé d’ailleurs, on ne sait pour-quoi, Mexico-City. Avec de tels devoirs, on peut craindre, ne pensez-vous pas, que son ignorance soit inconfortable ? Imaginez l’homme de Cro-Magnon pensionnaire à la tour de Babel ! Il y souffrirait de dépaysement, au moins. Mais non, celui-ci ne sent pas son exil, il va son chemin, rien ne l’entame. Une des rares phrases que j’aie entendues de sa bouche proclamait que c’était à prendre ou à laisser. Que fallait-il prendre ou laisser ? Sans doute, notre ami lui-même. Je vous l’avouerai, je suis attiré par ces créatures tout d’une pièce. Quand on a beaucoup médité sur l’homme, par métier ou par vocation, il arrive qu’on éprouve de la nostalgie pour les primates. Ils n’ont pas, eux, d’arrière-pensées.
Notre hôte, à vrai dire, en a quelques-unes, bien qu’il les nourrisse obscurément. A force de ne pas comprendre ce qu’on dit en sa présen-ce, il a pris un caractère défiant. De là cet air de gravité ombrageuse, comme s’il avait le soupçon, au moins, que quelque chose ne tourne pas rond entre les hommes. Cette disposition rend moins faciles les dis-cussions qui ne concernent pas son métier. Voyez, par exemple, au-dessus de sa tête, sur le mur du fond, ce rectangle vide qui marque la place d’un tableau décroché. Il y avait là, en effet, un tableau, et particulièrement intéressant, un vrai chef-d’oeuvre. Eh bien, j’étais présent quand le maître de céans l’a reçu et quand il l’a cédé. Dans les deux cas, ce fut avec la même méfiance, après des semaines de rumi-nation. Sur ce point, la société a gâté un peu, il faut le reconnaître, la franche simplicité de sa nature.
Notez bien que je ne le juge pas. J’estime sa méfiance fondée et la partagerais volontiers si, comme vous le voyez, ma nature communicative ne s’y opposait. Je suis bavard, hélas ! et me lie facilement. Bien que je sache garder les distances qui conviennent, toutes les oc-casions me sont bonnes. Quand je vivais en France, je ne pouvais ren-contrer un homme d’esprit sans qu’aussitôt j’en fisse ma société. Ah ! je vois que vous bronchez sur cet imparfait du subjonctif. J’avoue ma faiblesse pour ce mode, et pour le beau langage, en général.
Dans un incipit, l’auteur doit répondre aux questions « ou, quand, qui, quoi ? ». On est dans le dialogue implicite, différent du monologue. Un seul personnage prend la parole mais il y un interlocuteur.



Descriptif du commentaire :

L'étude comprend une introduction avec une problématique, un développement en deux axes bien contruits et plusieurs sous-parties, une transition, une conclusion et une ouverture.  L'analyse est d'un bon niveau et fait deux pages. 

Plan de l'étude :
  • Introduction
  • Problématique
  • Développement
  • I - Caractéristiques d'un incipit traditionnel
  • 1 - Le cadre
  • 2 -Les personnages, analyse des trois personnages
  • 3 - Situation de communication et langage. Etude des thèmes
  • Transition
  • II - Caractéristiques d'un incipit original
  • 1 - Originalité du choix énonciatif - sa fonction
  • 2 - Rôle du locuteur
  • Conclusion
  • Ouverture

Extrait de l'étude :

L’incipit met le  lecteur dans une situation d’incertitude. Pour le lecteur, il semble difficile  d'analyser et de comprendre le thème général du roman. Nous pouvons en outre  affirmer que le titre du roman n'éclaircit pas dutout. C'est seulement au fur et  à mesure de la lecture que certains points se précisent. Nous savons que  Clamence incarne...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire